Si vous avez bien lu cette infographie, vous devriez avoir compris que les signes qu’on peut voir en imagerie ne sont pas réservés à ceux qui ont des douleurs. Vous pouvez avoir de l’arthrose, une hernie discale ou une tendinite sans aucune douleur.
Alors vous allez me dire : « Oui c’est très bien tout ça, ces gens ont de la chance, mais moi j’ai mal. » et vous avez parfaitement raison. Ce qui peut être intéressant pour vous par contre, c’est de vous intéresser à pourquoi vont très bien et d’autres moins.
D’où sortent ces chiffres sur imagerie et douleur ?
(Vous pouvez passer cette partie, je ne vous en voudrais pas)
Ces chiffres sont issus d’études ou de regroupement d’études, que vous pouvez voir en petit en bas. Pour l’étude sur l’arthrose de hanche1 par exemple, les chercheurs ont radiographié un grand nombre de personnes et ont envoyé par mail aux 1496 personnes qui avaient de l’arthrose deux questionnaires pour savoir s’ils avaient eu mal à la hanche pendant au moins 24h le mois précédent. 1071 personnes ont répondu à ce questionnaire.
Cela veut dire que peut-être les personnes sélectionnées étaient particulières mais pour arriver à sélectionner ces 10 études, j’en ai lu 88 sur le sujet et j’ai plutôt confiance dans le fait que la plupart des chiffres (à part ceux sur les ménisques) sont assez proches de la réalité.
Alors pourquoi ils n’ont pas de douleur ?
L’idée facile à comprendre c’est que ces choses ne font pas mal. Ce sont des signes, qu’on peut voir, mais qui n’indiquent pas ce qu’il se passe réellement dans votre corps.
Ces signes ne sont pas seuls, il y a une multitude d’autres choses invisibles sur l’imagerie dans votre corps. Vous pouvez voir l’état de vos tissus comme une bouteille de coca-cola (non ce n’est pas un placement de produit).
Cette bouteille est plutôt inoffensive. En fait, tout le monde peut en posséder une chez soi sans qu’il n’y ait un problème. Mais que se passe-t-il si on y ajoute 5 mentos (toujours pas un placement de produit) ?
Il y a une réaction. Alors, évidemment les signes d’imagerie sont parfois une base. Mais, sans mentos, pas de danger. Quand on ne peut pas retirer la bouteille de cola, retirons donc simplement les mentos.
Quels sont les autres facteurs influençant les douleurs ? (Les mentos)
Faire une liste exhaustive est impossible pour moi, mais c’est toujours intéressant à rechercher en rééducation avec l’aide d’un professionnel. On peut retrouver par exemple :
- L’inflammation (pas réellement invisible, mais il faut la rechercher). Ce n’est pas non plus le grand méchant que vous croyez. L’inflammation répare les tissus même si elle augmente les douleurs. C’est un peu comme les travailleurs de chantier à côté de chez vous, ils font du bruit et vous agacent, mais finalement, on est bien content une fois qu’il n’y a plus de trou dans la chaussée. Il se pourrait même qu’elle nous rende plus intelligent.
- L’état des nerfs qui véhiculent les informations, parfois devenus plus sensibles pour diverses raisons.
- La charge que vous mettez dessus tous les jours.
- La dépression. Ca ne veut pas dire que c’est « dans la tête », enfin, pas comme vous l’entendez. Mais la sérotonine, une des hormones impliquées dans la dépression, joue un rôle important dans la gestion des informations de danger qui proviennent des tissus. Vous n’avez jamais remarqué avoir moins mal quand vous étiez plus heureux ?
- Le stress. Pour la même raison que la dépression, le stress peut jouer un rôle significatif de votre sensibilité sauf que là il s’agit d’adrénaline et de cortisol et non pas de sérotonine.
- Vos croyances. Ici on est un peu « dans la tête ». Mais ce n’est toujours pas ce que vous croyez, on y reviendra dans un autre billet de blog (En attendant, je vous invite à lire l’infographie #1).
Toutes ces choses ont un rôle certain à jouer dans ces douleurs qu’on peut pourtant attribuer aux « tissus ». Sinon, comment expliquer que pour le même problème, la douleur ne soit pas constamment la même mais qu’il y a des moments où elle s’améliore (ou empire si vous êtes un pessimiste) ?
Et si en fait, c’était simplement comme regarder le passé ?
Si vous regardez le ciel la nuit, une bonne partie des étoiles que vous voyez sont éteintes depuis des milliers d’années, mais leur lumière met tellement de temps à nous parvenir qu’on les verra encore probablement pour des milliers d’année. Eh bien, et si ce que vous voyez en imagerie n’était plus d’actualité aujourd’hui ?
Imaginez : vous vous faites une coupure assez profonde dans la peau, ça fait mal sur le coup. Des mois plus tard, cela ne fait plus mal comme au premier jour même si vous avez une cicatrice encore visible. C’est exactement pareil à l’intérieur du corps, les tissus peuvent ne plus être aussi beaux qu’avant mais remplir la même fonction sans douleur, comme la cicatrice.
- 1.Birrell F. Association between pain in the hip region and radiographic changes of osteoarthritis: results from a population-based study. Rheumatology. Published online January 5, 2005:337-341. doi:10.1093/rheumatology/keh458
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